Voici l'hommage présenté par s. Julienne Turmel, prieure générale, à notre sœur Cécile Fecteau, lors des funérailles de cette dernière, vendredi 25 mars dernier. Voici un bref survol de la vie de sœur Cécile, qui illustre ce don unique qu’elle a été pour le monde, pour l’Église, et pour sa communauté.
Chers membres de la famille et amis de notre sœur,
Sœur Cécile Fecteau : quelle femme profondément missionnaire! Ces simples mots résument sa vie.
Née à St-Roch le 11 juillet 1923, elle était la 2e d’une famille de 12 enfants. Son père, Joseph Fecteau, et sa mère, Maria Gingras, avaient tous les deux une « âme musicale », selon l’expression de notre sœur. Sa mère était professeur de piano et son père chantait. Faut-il donc s’étonner de retrouver à la maison, en plus d’un piano, une flûte traversière, un cor français, un violoncelle et un violon? De plus, tous chantaient. « La musique faisait partie de notre vie familiale, a écrit sœur Cécile; que de beaux moments! » Ajoutons : une famille dotée du sens de l’humour, un « humour raffiné »; et notre sœur le possédait particulièrement.
Elle fit ses études à l’Académie Mallet, sous la direction des Sœurs de la Charité de Québec, et elle s’engagea dans différents mouvements. Déjà se faisait sentir l’âme missionnaire de la jeune Cécile. De plus, elle avait environ neuf ans quand l’appel à la vocation religieuse adoratrice retentit dans son cœur. Elle calculait les années où elle pourrait enfin se donner au Seigneur. En attendant, elle allait à la messe tous les jours.
À 26 ans, elle fit la rencontre de mère Julienne du Rosaire. Privilège et joie! Elle fut beaucoup impressionnée par cette petite maison des Cascades vivait la jeune communauté, et elle y fit son entrée le 3 septembre 1950. Devenue novice le 2 février suivant, elle reçut le nom de sœur Vincent-Marie; et les autres étapes suivirent : profession temporaire, puis profession perpétuelle le 3 février 1957.
Sa piété, son respect de l’autorité, son obéissance, sa grande simplicité rendaient la vie communautaire agréable; oublieuse d’elle-même, serviable, comme elle a su égayer ses sœurs par son sens de l’humour!
À l’automne 1957, elle partit en mission chez les Amérindiens, à Goodfish Lake, Alberta; puis, après avoir perfectionné son anglais, elle rejoignit nos sœurs à notre mission de Saddle Lake, chez les Cree. Là, on lui a confié les élèves de 1ère année. Voici ce qu’elle en dit : « J’ai enseigné pendant trente belles années à trois générations de petits Amérindiens. J’ai trouvé là ma joie. Comme j’ai aimé ce peuple! Je me sentais de la famille chez eux, et l’enseignement me fascinait. Même si j’ai rencontré des difficultés de temps à autre, le Seigneur était toujours là au bon moment pour me secourir. Qu’il fut bon pour moi, même dans mes doutes! Je ne le remercierai jamais assez. J’aime à m’inspirer du psaume 138 qui me parle beaucoup : ‘Seigneur, tu me devances et me poursuis, tu m’enserres, tu as mis la main sur moi’ ».
Elle participait à la vie des Amérindiens de la Réserve et s’intéressait de façon particulière à leurs coutumes. Elle avait la capacité de s’inculturer. De plus, lors de ses vacances à Beauport, elle fit la connaissance de M. Max Gros-Louis, grand chef de la nation huronne-wendat; une véritable amitié s’est établie entre eux.
Les Amérindiens appréciaient sœur Vincent-Marie, et son sens de l’humour leur plaisait. Le 30 novembre 1984, le School Board et le Conseil de Bande de Saddle Lake soulignaient ses 25 ans d’enseignement à l’école en l’acceptant à titre honorifique comme membre de leur tribu, lui donnant le nom de Morning Star. On lui remit une cape de cuir, brodée de perles. Membre de leur tribu : ce privilège n’est accordé que très rarement! Mais pour notre sœur Vincent-Marie, ce fut tout une surprise, car elle n’aurait jamais pensé cela : « elle avait fait seulement ce qu’elle devait faire et elle l’avait fait de son mieux », a-t-elle écrit.
Le 30 novembre 1984, le School Board et le Conseil de Bande de Saddle Lake soulignaient ses 25 ans d’enseignement à l’école en l’acceptant à titre honorifique comme membre de leur tribu, lui donnant le nom de «Morning Star», Étoile du matin.
En mai 1991, ayant quitté l’enseignement, c’est avec un certain regret qu’elle prit la décision de revenir à la maison mère. Mais la mission ne s’arrêtait pas là : dès 1992, elle a fait partie du Comité missionnaire diocésain pendant 20 ans, se dévouant en même temps à la pastorale missionnaire auprès des étudiants du primaire, du secondaire et même du CEGEP, sur invitation toujours, grâce à sa jeunesse de cœur et à sa vitalité étonnantes. De plus, en 1998, elle devint sacristine. Quel bonheur de servir si près de Jésus-Hostie!
En 2012, elle renonça à ses activités, ses forces déclinant avec l’âge. À l’automne 2014 vint le moment de quitter notre Cénacle pour l’Infirmerie intercommunautaire des Augustines de la Miséricorde de Jésus. Là, elle s’est épanouie et fut une compagne agréable pour les autres sœurs qui y vivaient. Mais depuis quelques années, sa faiblesse s’accentuait et la portait à s’isoler… Le 23 janvier 2022, après son déjeuner avec d’autres compagnes, elle demanda de l’aide pour retourner à sa chambre. On l’aida à s’asseoir dans son fauteuil et à l’instant même, la Vierge Marie vint cueillir cette fleur unique, pour la transplanter dans les jardins du paradis.
Nous sommes très reconnaissantes envers les Sœurs Augustines et le personnel soignant pour la présence, les bons soins et les délicates attentions prodigués à notre sœur.
Chère sœur Cécile, merci pour le témoignage de ta vie si adoratrice dans la mission, et si missionnaire dans l’adoration. De là-haut, entraîne-nous…