Voici l'hommage présenté par s. Marlaine Lalancette, prieure générale, à notre sœur Simone Roy, lors des funérailles de cette dernière, vendredi le 14 juin dernier. Voici donc un bref survol de la vie de notre chère sœur, qui illustre ce don unique qu’elle a été pour le monde, pour sa communauté et ses proches.
Bien chers parents et amis de notre sœur Simonne,
Évoquer le nom, la vie de sœur Simonne, en quelques minutes, n'est pas peu dire. Notre affection veut tout de même mettre en lumière le chef d'œuvre que Dieu fit en elle et le bien qu'elle a accompli dans notre communauté.
Fille d’Alexina (Exina) Landry et d’Albert Roy, de Saint-François-d’Assise en Matapédia, dans le comté de Bonaventure, notre sœur naît le 6 août 1931 et est baptisée le même jour sous les noms de Marie Anne Simonne.
Petite fleur de l'Acadie et de la Gaspésie, Simonne grandit sur une terre ayant une vue incroyable, pour ne pas dire panoramique de la nature, à l'ombre de la majestueuse chaîne de montagnes Shickshocks, en bordure de la Baie des Chaleurs et de la grandiosité de la mer. Aussi, c'est dans cette belle nature où règne la paix, l'harmonie que commence son aventure spirituelle avec Dieu son Créateur.
Simonne est une petite fille dotée d'un cœur aimant, bon, sensible et généreux, hérité de son père. De sa mère, femme courageuse et généreuse aussi, elle apprend le jardinage, la culture des fleurs, l'art du métier à tisser, la fabrication de couvertures et de courtes pointes. La cuisine, le pain, les conserves, pour elle, n'avaient aucun secret.
Héritière de ces dons et talents, elle était bien préparée pour les tâches qui lui seraient confiées plus tard!
De 15 à 19 ans, elle poursuit ses études, jusqu'à la 9e année, au Juvénat des sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie à Rigaud. C'est là que naît son rêve d’être religieuse.
Ayant fait sa demande chez les Franciscaines Missionnaires de Marie, elle est refusée en raison de la faiblesse de son œil droit qui n'a qu'une vision très faible. Mais, sans se décourager, elle fait sa demande chez les Dominicaines Missionnaires Adoratrices de Beauport. Elle est acceptée et fait son entrée à l’âge de 20 ans, le 3 août 1951. Après huit mois de postulat, elle devient novice et reçoit le nom religieux de sœur Albert le Grand. Après 3 ans de profession temporaire, elle fait profession perpétuelle le 3 février 1957.
Possédant l'anglais, le 27 juillet 1958, sœur Albert le Grand part en mission à Goodfish Lake, en Alberta. Quel grand détachement!... Que de sacrifices pour notre sœur de quitter la maison-mère!...
Mais sœur Claire a grandement besoin d’elle à Beauport, si bien qu’un an et demi plus tard, en janvier 1960, elle revient, et reçoit l'obédience d'aider à l'ouvroir missionnaire où elle fait preuve de créativité artisanale avec le groupe de dames qui se rassemblaient chaque semaine et travaillaient ensemble pour soutenir la mission de la communauté.
Et que dire de son aide précieuse à l'entretien du terrain. Avec l'aide des sœurs, spécialement sœur Claire, elles réalisent un projet de terrassement : de nombreux arbres sont plantés, des fleurs semées, une grotte mariale en pierres élevée, etc... Le terrain rocailleux devient un lieu merveilleux de contemplation, pour ne pas dire un petit paradis rempli d'arbres et de fleurs où il fait bon se promener et prier.
Dès 1972, elle se consacre aux travaux d'art tout en faisant des études en dessin. En 1975, on la retrouve professeure d'artisanat. En 1986, elle suit un cours de sculpture sur bois chez monsieur Ronald Rondo, un maître-sculpteur, qui n’est pas sans remarquer cette élève très douée. Il prend donc l’initiative d’envoyer une de ses œuvres à l'Exposition Canadienne Nationale de Toronto pour être soumise à l’épreuve d’un jury. Quelle surprise d’apprendre que deux premiers prix lui sont attribués pour sa magnifique maison canadienne; un chef d’œuvre qui compte plus de 50 heures de travail. Vous comprenez la fierté que nous avons pour notre chère soeur!
Et que dire des gâteaux de circonstance de sœur Simonne : gâteau de noces, gâteaux de jubilés d’argent et d’or... Une vraie collection!
Sœur Simonne avait en plus, pour sa famille, un amour tendre, et ne manquait jamais de rejoindre les siens lorsque ce fut possible. Nous pensons aux visites de sa famille et à sa famille. Quelle joie quand sa grande sœur Albertine, religieuse, l'invitait à passer quelques jours avec elle, ou qu'Émile lui proposait un voyage au Nouveau-Brunswick pour visiter la famille! Quand elle nous parlait de ses neveux et nièces, c'était avec beaucoup de fierté, et elle priait pour que Dieu les protège.
Nous pourrions encore évoquer bien des souvenirs... Terminons en mentionnant l'offrande de sa vie comme DMA, spécialement les six dernières années en infirmerie où elle n'a pas moins porté de fruit, par sa prière continue pour l'Église et le monde. Mercredi le 29 mai, tout doucement, discrètement comme elle a vécu, à 12h25, elle est partie vers la maison du Père.
Nous remercions chaleureusement les sœurs Augustines de la Miséricorde de Jésus et le personnel soignant pour tous les bons soins et délicatesses qu'elles lui ont prodigués.
Chère sœur Simonne, tu n'es plus là où tu étais, mais tu seras là où nous sommes, car nous te gardons dans notre cœur, dans notre prière. Va sans crainte et repose-toi sur le cœur du Bien-Aimé; maintenant, c'est ton privilège d'être adoratrice en Lui pour l'éternité.
Marlaine Lalancette, o.p.
Prieure générale, vendredi, 14 juin 2024