L'Esprit d'amour
25 mai, anniversaire de baptême de Mère Julienne du Rosaire
Anniversaire si important pour Mère Julienne. Le baptême, si grand! Cette année, cet anniversaire ce situe en plein cœur de la neuvaine à l’Esprit-Saint, en préparation à la fête de la Pentecôte. Je laisse donc Mère Julienne vous parler de l’Esprit d’amour (5 octobre 1962).
En guise d’introduction, un court chant de Claudie-Anne Lampron, pour invoquer l’Esprit-Saint.
Dieu agit toujours au souffle de son Esprit
Quand Dieu agit, c'est toujours au souffle de son Esprit. La création, l'Incarnation, la Rédemption, l'Église, les sacrements, l'Eucharistie, la sanctification, la gloire sont des œuvres d'amour. Toute la vie de Notre-Seigneur, depuis sa conception jusqu'à son ascension, est sous l'influence de l'Esprit d'amour. Gabriel, le messager de l'annonciation, l'affirme à la Sainte Vierge : « L'Esprit saint viendra en vous » (Lc 1,35). Le Père nous donne son Fils dans leur commun Esprit d'amour. La plus belle manifestation de cette force que le Fils avait en lui est bien, après sa mort sur la croix, son acte sublime du Jeudi saint : « J’ai désiré d’un grand désir » (Lc 22,15); « [...] le sang du Christ qui, par un Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu », nous dit saint Paul (He 9,14) : par un Esprit éternel, il s’est offert. Par son acte d’amour du Jeudi saint, Jésus nous donne son Cœur à manger et, par le don de son Esprit à la Pentecôte et à la confirmation, il nous donne son amour.
Par la charité, nous sommes déjà dans l'élan éternel de l'Esprit d'amour
Dans l'élan éternel d'un même Esprit d'amour... « L'amour de Dieu, nous dit saint Paul, a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné » (Rm 5,5). C'est lui qui nous fait faire l'apprentissage de la vie éternelle. Si l'amour répandu dans l'univers n'est qu'une étincelle du brasier créateur, la charité, don infus, nous dit saint Thomas, est une certaine participation du Saint-Esprit[1]. Ce feu divin, à la fois substantiel et personnel, élève notre volonté au point qu'il la rend apte à entrer en relation avec Dieu au sein même de son mystère d'amour, de son mystère intime d'amour. La charité, c'est le dynamisme de la grâce, c'est un élan combien plus fort que tous les amours naturels. La charité inspire les œuvres apostoliques qui exigent de l'héroïsme. C'est elle qui pousse à tout pardonner dans la spontanéité, c'est elle qui supporte tout dans la joie, c'est elle qui rend service en courant, c'est elle qui donne un sourire qui dilate le cœur, c'est elle qui ouvre le cœur à toutes les misères. Elle émet des ondes qui appellent à sa pratique. Elle engendre chez les autres des actes qui la répandent. Elle divinise, elle transforme, elle diffuse l'Esprit saint. Par la charité, notre cœur est épris, comme Dieu lui-même, du souverain Bien. C'est lui, l'Esprit saint, qui, après nous avoir initiés pendant notre voyage terrestre, nous introduit à jamais au sein de cette vie béatifique, dans l'élan éternel d'un même Esprit d'amour.
Si la foi est le prélude de la vision, la charité, elle, n'est pas seulement le prélude de l'amour, elle en est la possession. La foi sera éclipsée par la lumière de gloire, mais la charité demeurera toujours et toujours la même : le face-à-face ne changera pas sa nature. L'Esprit saint, que nous avons reçu au baptême, vient en nous pour l'éternité si nous mourons en état de grâce. Nous avons été conçus dans l'amour, nous vivons ici-bas de cet amour. Nous avons été rachetés par cet amour et nous sommes appelés à une béatitude éternelle d'amour, dans l'élan éternel d'un même Esprit d'amour.
[1] Cf. Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique : La charité, tome I, traduction française par H.-P. Noble, o.p., Paris, Éditions de la Revue des Jeunes, Desclée, 1950, 2a-2ae, qu. 24, art. 7, p. 83.
[APPROBATION ECCLÉSIASTIQUE, Monseigneur Maurice Couture, s.v., Archevêque de Québec, Québec, 10 mars 2000]