Voici l'hommage présenté par s. Marlaine Lalancette, prieure générale, à notre sœur Françoise Guillot, lors des funérailles de cette dernière, mardi le 16 janvier dernier. Voici donc un bref survol de la vie de notre chère sœur, qui illustre ce don unique qu’elle a été pour le monde et pour sa communauté.
Chers parents et amis, bonjour!
Nous sommes ici rassemblés pour rendre grâce pour notre chère sœur Françoise Guillot, la première Beauportoise à entrer chez les Dominicaines Missionnaires Adoratrices. Douée d’une rayonnante personnalité et d’un tempérament passionné, elle ne connait pas les demi-mesures; elle est ardente, enthousiaste, joyeuse, donnée entièrement et sans retour. En jetant un bref coup d’œil sur sa vie, il semble que sa grâce baptismale mette en relief le « jusqu’à la fin » de Jésus à la Cène (Jn 13, 1ss), à qui elle se consacre totalement.
De plus, le Seigneur lui a accordé une faveur unique : celle d’être la seule fille de mère Julienne du Rosaire à être le témoin discret de la communauté naissante, dès les premiers jours de la fondation, en mai 1945.
Cela dit, jetons un bref coup d’œil sur les principales étapes de la vie de notre sœur.
Françoise nait à Beauport le 16 avril 1933, troisième enfant de Rose de Lima Drouin et d’Alphonse Guillot; elle est baptisée le lendemain, à l’église paroissiale la Nativité-de- Notre-Dame. Elle grandit heureuse, entourée de l’affection de ses parents, de ses cinq frères et de sa sœur; bref, une famille très unie, caractérisée par la foi, la générosité, la confiance, la joie de vivre. Son père, homme de cœur, est imprimeur de métier. Une tendre affection unit Françoise à sa mère, ayant hérité d’elle, entre autres, de son goût pour la nature, de son sens artistique raffiné et de son intuition.
Françoise fait ses études à l’École Légaré, à Beauport, dirigée par les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Comme plusieurs jeunes de son âge, elle adhère à certains Mouvements très actifs à son époque : la Croisade Eucharistique et le Guidisme. Toutes ces expériences affermissent chez elle le sens des responsabilités qu’elle possède déjà, parce qu’étant la troisième enfant de la famille, elle aide sa mère, de santé délicate.
Un premier fait qui marque à jamais la vie de Françoise survient le 2 mai 1945. Âgée de 12 ans, elle participe à la messe tous les jours en tant que membre de la Croisade eucharistique. Ce même jour, elle voit à la messe « trois petites dames » recueillies et sobrement vêtues; puis elle les voit encore les jours suivants – ce sont les sœurs! Comme elles retournent ensuite à leur maison en passant par la rue Seigneuriale, Françoise, attirée par elles, les suit de loin jusqu’à ce qu’elle entre dans sa demeure familiale.
Un jour, son père abandonne son métier d’imprimeur et il achète une épicerie. La famille déménage sur l’avenue Royale. Françoise, âgée de 14 ans, restera au magasin pour répondre aux gens et donner les commandes aux livreurs. Cependant, cette nouvelle tâche ne l’empêche pas de mener à plein sa vie de jeunesse; mais elle a déjà été saisie par le Christ et elle ne s’en cache pas. Elle avait le goût des choses de Dieu. Elle recherchait et affectionnait les réalités d’en haut.
Dès son enfance, Françoise se sent appelée à la vie religieuse. Le 15 juin 1952, elle se rend à la messe de la Fête-Dieu; elle aperçoit le groupe de sœurs de la jeune communauté recueilli devant le Saint Sacrement, au reposoir préparé chez les Missionnaires du Sacré-Cœur (Aujourd’hui, l’École de musique des Cascades de Beauport). En les voyant, elle est saisie; et après sa communion, elle ressent dans son cœur un appel irrésistible à les rejoindre tout de suite, bien qu’elle y pense depuis qu’elle les a connues. Elle vient donc rencontrer mère Julienne du Rosaire et son entrée est fixée au 1er février 1953.
Notre postulante, âgée de 20 ans, douée d’un tempérament fort et entier, se donne totalement. À l’été 1953, elle commence son noviciat et reçoit le nom de sœur Rose de Lima. Puis les engagements se poursuivent et la conduisent à la profession perpétuelle, le 4 août 1958.
Sœur Françoise passe sans difficulté d’une tâche à une autre ou en cumule plusieurs à la fois. Car elle possède un don spécial : celui d’une vision globale des projets qu’on lui confie. Lorsqu’elle en commence la réalisation, elle les voit déjà terminés et sait comment en atteindre les objectifs, ce qui explique en partie les nombreux services rendus.
Elle poursuit ses études, de la 9e année jusqu’à l’obtention d’un Brevet A en pédagogie. Pendant 6 ans, elle enseigne aux élèves de 4e année à l’école Mgr-Robert; et en juin 1964, elle est la principale organisatrice de la Garde d’Honneur du Cœur Eucharistique (devenue la Fraternité Eucharistique).
Puis elle part pour le Pérou, nommée responsable des professes temporaires péruviennes. En janvier 1971, une nouvelle œuvre l’attend ici : l’Union Eucharistique Pro Mundi Vita, où elle secondera mère Julienne du Rosaire. Avec quel entrain joyeux, sœur Françoise, collabore-t-elle, à l’œuvre initier par mère Julienne du Rosaire.
De retour du Pérou le 28 avril 1971, elle est assignée aux études et obtient un baccalauréat, puis une maitrise en théologie. Cela, tout en travaillant pendant vingt ans pour l’Union Eucharistique Pro Mundi Vita, mouvement qui a pour but de rassembler les religieuses quatre journées par année, pour vivre un ressourcement sur l’Eucharistie. À travers ses multiples occupations, elle assume pendant deux termes le mandat de conseillère générale, soit de 1972 jusqu’à 1985. Elle est aussi membre du comité de rédaction finale de nos Constitutions, en 1984-85.
Au Chapitre général de juin 1991, elle est élue Prieure générale pour six ans. Elle est donc la première sœur à succéder à notre mère Fondatrice, mis à part mère Colette Brousseau, co-fondatrice, qui accepta cette responsabilité de 1966 à 1972.
C’est donc, une nouvelle étape! Sœur Françoise prend son rôle à cœur et ne ménage rien pour promouvoir notre charisme dans la communauté. En toutes ses décisions, elle témoigne à notre Fondatrice, mère Julienne du Rosaire, affection et respect filial.
Sœur Françoise veille attentivement sur mère Julienne du Rosaire et sur chacune de ses sœurs. Elle devine pour ainsi dire leurs dons et les invite à les développer. Toujours, elle encourage et prodigue de bons conseils à ses sœurs. Sa charité pour chacune se veut toujours plus délicate. Elle rayonne de la présence de Dieu, qu’elle soit avec des laïcs, des religieuses ou des prêtres, car il n’y a aucune recherche d’elle-même chez elle : unie à son Seigneur, elle désire ardemment le donner aux autres. Plusieurs ont été saisis, voire transformés à son contact. En tout, elle brûle de l’Amour eucharistique, et son plus grand désir est de communiquer ce feu, d’enflammer les cœurs pour lui.
Plusieurs évènements importants, prévus ou imprévus, se déroulent pendant son premier mandat, entre autres : le décès de mère Colette Brousseau, notre co-fondatrice; le décès de notre bien-aimée mère Fondatrice; le Jubilé d’Or de la fondation de notre Congrégation.
Le 9 juillet 1997, sœur Françoise est réélue Prieure générale pour un second mandat de six ans, lequel prend fin en 2003. En 2004, elle est nommée vice-postulatrice de la Cause de mère Julienne du Rosaire, dont le procès diocésain s’ouvre le 14 septembre 2008, en cette église; et il se clôture le 7 février 2010.
En tant que vice-postulatrice, elle doit se rendre à Rome de temps à autre. Au retour du voyage de 2013, elle fait une chute dans l’escalateur de l’aéroport de Toronto, ce qui provoque par la suite de graves douleurs à son dos… La gravité de son mal la conduit finalement à l’Infirmerie intercommunautaire des Augustines, le lundi 18 novembre 2019. C’est la dernière étape de sa vie.
Le samedi 30 décembre 2023, à 16 h 35, dans une grande paix, elle entre dans la Vie éternelle. Des membres de sa famille et de sa communauté sont présents. Les sœurs entonnent le « Salve Régina » ce dernier chant qui invite la Vierge Marie à accueillir son enfant bien-aimée.
Chère sœur Françoise, nous te remercions d’avoir témoigné auprès de la communauté d’une foi inébranlable en nos origines et en l’actualité de notre mission dans l’Église. Quel riche héritage tu nous laisses, après l’avoir vécu si intensément! Intercède pour nous maintenant, afin que nous le vivions avec ferveur à ta suite.
Avec elle une grande voix s’est définitivement éteinte ici-bas, pour renaître, encore plus vibrante, dans l’au-delà pour chanter éternellement :
s. Marlaine Lalancette, o.p.
Lundi, 15 janvier 2024