En ce dimanche des Rameaux, je viens vous rejoindre pour vivre avec vous la Semaine Sainte et accueillir la Pâques du Seigneur. Aujourd’hui, Jésus est exalté, proclamé Roi et Messie par la foule ! Sa passion commence ! Après trois ans de vie publique, au cours desquels il a annoncé le Royaume de Dieu et l’a rendu présent à travers des signes et des prodiges, personne ne semble avoir compris son identité et sa mission… Bien sûr, le Messie devait entrer dans Jérusalem assis sur un ânon (Zacharie 9, 9), comme Jésus le fait (Luc 19, 28-40). N’est-il pas venu accomplir et non abolir les Écritures (Matthieu 5, 17) ? Il n’est donc pas surprenant que les juifs pensent que la promesse s’accomplit enfin et que le Messie attendu est arrivé ! Envahis par les Romains, il est naturel pour eux de croire que ce Messie doit être un libérateur politique. Ainsi, au lieu de scruter plus à fond les Écritures pour accueillir le Messie selon les voies de Dieu, celui venu instaurer l’Alliance nouvelle et éternelle, les membres du peuple juif restent fixés à l’ancienne; incapables de s’ouvrir à la nouvelle et à l’Envoyé promis par Dieu. La prédication de Jésus, tout ce qu’il a annoncé et dit sur lui-même pendant sa vie publique ne semble plus interpeller personne. Au contraire, aussitôt proclamé, aussitôt « crucifié » par la même foule. Les Apôtres, eux, sont paralysés par la peur… Qui ne craindrait pas de se faire crucifier en se déclarant disciple de Jésus ! Impossible de savoir ce que nous aurions fait à leur place…
L’épisode de l’entrée messianique de Jésus dans Jérusalem est révélateur de notre manière humaine de penser, souvent prise à défaut. Pourtant, Dieu, par son prophète Isaïe, après avoir annoncé qu’il conclura une alliance éternelle, met en garde contre nos manières trop humaines de lire les Écritures et les événements : « Vos pensées ne sont pas mes pensées et mes voies ne sont pas vos voies. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées » (Isaïe 55, 3. 8-9). Cet « avertissement » nous « invite » en quelque sorte, à imiter Marie qui gardait tous les événements en son cœur pour les méditer et s’ouvrir ainsi à l’action de Dieu, à garder la foi en son projet d’amour, malgré les événements discordants à ce projet.
L’attitude de Marie lui a permis de rester debout au pied de la croix, confiante que l’enfant qu’elle a porté en son sein, même crucifié sous ses yeux entre deux voleurs, est bien le Fils de Dieu, le Sauveur promis, annoncé par l’ange Gabriel et, de continuer à croire que Dieu, de qui elle est la servante, n’a pas dit son dernier mot…
Puisque l’Année Jubilaire 2025 nous invite à l’espérance, je nous propose de vivre la Semaine Sainte en compagnie de Marie, de nous abreuver à son âme espérante afin de garder, comme elle, le cœur et le regard tournés vers notre Sauveur, le Fils bien-aimé du Père qui ne l’a pas abandonné, mais au contraire, l’a fait entrer dans sa gloire. Que notre mémoire reste vigilante au projet d’Amour de Dieu sur nous, en laissant Marie nous apprendre le silence de la contemplation pour savoir reconnaître les signes de Dieu toujours à l’œuvre en nous et autour de nous, puisqu’il est le Dieu des vivants. C’est ce que nous dévoile le mystère de la Résurrection que nous célébrons à Pâques.
Que cette fête de la Résurrection vous apporte une joie profonde et un désir de vous laisser aimer par le Seigneur à jamais vivant!
Joyeuses Pâques!
En toute amitié,
S. Louise Marceau, o.p.
7 avril 2025