Chers amis du Cœur Eucharistique, bonjour à chacune et à chacun de vous,
À la fin de ce mois d’octobre, les signes d’automne se multiplient en faveur de l’hiver qui se prépare à entrer en scène. Pendant ce temps, certaines personnes s’envoleront vers des horizons plus chauds, mais la plupart d’entre nous affronterons les défis de la «saison morte», particulièrement celui de vivre dans la grisaille et le manque de lumière.
Au premier temps de l’Église, les chrétiens avaient compris que la vraie lumière était le Christ. Leur foi a traversé les siècles et nous a été transmise en héritage. Savoir que le Christ est la vraie lumière de nos vies devrait suffire à garder notre moral à la « bonne température », en voyant venir l’hiver. Mais, comme l’histoire qui suit nous le rappelle, nous ne pouvons nier les besoins concrets et légitimes de notre vie incarnée. Voici donc cette histoire : Une maman va coucher sa fillette qui souhaite beaucoup la retenir auprès d’elle. Pour l’encourager et la sécuriser, la maman lui dit : “ Jésus est là avec toi ”. Et celle-ci de répondre : “ oui, mais j’ai besoin de quelqu’un avec de la peau ” !
Cette répartie très sensée de la fillette m’amène à vous partager cette réflexion, en m’inspirant de mon commentaire de l’évangile du dimanche 27 octobre 1, et en le développant. La question posée par Jésus à Bartimée en saint Marc (10, 51) : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », demande de nous y arrêter. Je vous invite à lire les versets 46 à 52 du même chapitre. Jésus demande à Bartimée de lui dire ce qu’il peut faire pour lui. C’est pourtant évident : il est aveugle ! Donc, il veut voir ! Mais, en lisant le texte, nous pouvons facilement percevoir des besoins sousjacents qui le poussent dans sa démarche de foi : être entendu, vivre une rencontre avec Jésus, être considéré par lui et par les autres... Ces besoins-là sont aussi importants. Jésus n’a pas guéri tous les malades, mais tous ceux et celles qui l’ont approché dans la foi, ont obtenu de lui une faveur unique correspondant à leur besoin profond. Il se peut que la guérison physique que nous désirons légitimement ne se produise pas, mais le Seigneur nous donnera toujours les grâces dont nous avons besoin pour continuer la route dans la paix.
Il y a quelques années, lors d’une visite à l’Hôpital Saint-Augustin, j’ai rencontré un homme qui me paraissait dans la trentaine et qui avait subi l’ablation des bras et des jambes. Certainement qu’après cette terrible épreuve, il était passé par une période de déprime profonde; il ne peut en être autrement. Mais cet homme avait la foi. Bien sûr, il était resté lourdement handicapé, mais il était devenu porteur d’espérance pour les personnes qui le côtoyaient. Il était souriant, accueillant, pacifiant ! Contraint à une totale dépendance, cet homme avait trouvé la liberté intérieure ! N’est-ce pas là un incroyable miracle de la grâce !
« Demandez, on vous donnera; cherchez, vous trouverez; frappez, on vous ouvrira » nous dit le Seigneur dans l’évangile de Luc (11, 9); une parole qui met notre foi à l’épreuve ! Est-ce que nous croyons vraiment que ce que nous demandons nous sera accordé ! Au fait, quelle est notre demande ? Quel est notre véritable besoin ? Ce n’est pas si évident ! Rappelons-nous les besoins sousjacents de Bartimée. Il se peut que ce soient eux nos vrais besoins. Parfois, il faut avoir le courage de s’attarder à la question de Jésus, se la répéter doucement pour lui permettre de faire son chemin en nous et toucher la vérité de notre être. En consentant à cette démarche, nous donnons la chance à l’Esprit Saint de nous apporter une réponse porteuse d’une grâce qui nous permettra de demander la bonne chose et d’être exaucés-es.
À tout considérer, la question de Jésus : « Que veux-tu que je fasse pour toi » se rapproche très bien de l’invitation qu’il nous fait dans le livre de l’Apocalypse (3, 20) : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi ». Jésus ne veut pas seulement une réponse à sa question, il désire entrer en intimité avec nous. L’un et l’autre aspect font appel à notre foi, si importante dans notre relation à Jésus. Oserons-nous lui ouvrir la porte de notre coeur, lui exprimer la vérité de notre être et amorcer ainsi une démarche de guérison en lui accordant notre confiance. C’est ce que suscitent la question et l’invitation de Jésus. Puissions-nous tirer parti de son désir d’entrer en intimité avec nous, de nous combler de sa paix et de sa joie et de nous apporter les grâces nécessaires dont
nous avons besoin !
Je vous laisse en partage cette pensée de Simone Pacot : « Les événements qu’on ne choisit pas, on peut choisir de les vivre en Dieu »; pensée qui est en fait tout un programme de vie.
Demeurons unis dans la foi et la prière
En toute amitié,
S. Louise Marceau, o.p.
29 octobre 2024