Une ardente apôtre du Coeur Eucharistique! Toujours ardente et enflammée d'amour pour le Coeur Eucharistique, elle ne manquait aucune occasion pour le faire connaître et aimer.
À l’occasion du départ d’un être aimé, nous aimons nous rappeler ce qu’a été cette personne pour nous et pour le monde. Quelle a été la vie de cette soeur? de cette femme aux racines nord-côtières? Lors des funérailles à l'église Saint-Ignace-de-Loyola, le lundi 22 novembre, s. Julienne Turmel a adressé un hommage à sœur Lucienne. Voici un bref survol de sa vie, qui illustre ce don unique qu’elle a été pour le monde, pour l’Église, et pour sa communauté.
Chers parents et amis de notre chère sœur Lucienne, bonjour!
Havre-St-Pierre : c’est dans cette petite ville au paysage merveilleux que, le 12 aout 1916, Judith Cyr et Alfred Jomphe accueillent leur petite Lucienne, l’avant-dernière d’une famille de 15 enfants. Elle est baptisée le même jour. Son père, remarquable par sa cordialité, est boulanger; sa mère, aidée de sa sœur, voit à l’éducation des enfants.
Cette famille chaleureuse est très pieuse; plus tard, Lucienne dira de sa mère : « Maman a coulé sa foi forte et amoureuse en mon cœur d’enfant, elle m’a montré à prier devant le Saint Sacrement et j’en ai bien vite pris le gout. Et c’est là, devant l’Hostie, que j’ai saisi l’appel à devenir religieuse. De maman, j’ai appris la grandeur de la messe. Elle y allait tous les jours et discrètement, elle nous invitait à le faire en disant : ‘La messe est une mine d’or et dire qu’il y a des gens qui ne l’exploitent pas’ ».
Lucienne, vers l’âge de deux ans, attrape la méningite : une maladie qui ne pardonnera pas, au dire du médecin. Sa mère lui prépare alors une tisane avec une feuille d’arbre, saupoudrée de nombreuses prières sans doute. Le lendemain, l’enfant est guérie. Elle grandit heureuse au milieu des siens; que de fois elle a dû s’arrêter pour contempler la beauté unique du golfe, de la mer et se laisser bercer par ses vagues!
À 19 ans, Lucienne perd sa chère maman. Avant de mourir, cette dernière bénit et parle à chacun de ses enfants qui l’entourent. Elle dit à Lucienne : « Ô Jésus, à votre Cœur je confie ma petite Lucienne, faites qu’elle connaisse et suive sa vocation ».
Cette parole se concrétise pour Lucienne lorsque, à 34 ans, elle fait sa demande pour entrer chez nous. En réponse à la question : Pour quelle raison désirez-vous devenir religieuse? elle écrit : « Pour faire la volonté du bon Dieu et vivre d’une union plus intime avec Lui ». Cette modeste phrase est une merveilleuse synthèse de la vie de notre sœur.
Le 3 aout 1951, nous l’accueillons comme postulante. Elle devient novice le 3 février 1952 et reçoit le nom de sœur Lucie du Sacré-Cœur. Notre novice ne tarde pas à se passionner pour le Cœur Eucharistique, entrainée par notre fondatrice, mère Julienne du Rosaire, dont elle méditera les conférences tout au long de sa vie religieuse. Elle déploie ses talents à l’atelier de couture et tout naturellement, sème la joie dans la communauté. Chaleureuse, serviable, joyeuse, elle possède aussi ce don précieux de l’humour.
Admise à la première profession le 2 février 1954, puis à la profession perpétuelle le 3 février 1957, notre sœur ne cesse de découvrir et de vivre de l’Amour eucharistique, se confiant à la Vierge Marie afin qu’elle l’aide à progresser dans cette voie de sainteté.
En 1963, elle est nommée supérieure à notre maison de Saddle Lake, Alberta. Elle y demeurera douze ans. Que de sacrifices elle fait pour apprendre l’anglais, afin d’accueillir les enfants et de les amener prier à la chapelle. Le dimanche, elle se rend à l’église paroissiale pour célébrer la liturgie avec les Indiens; elle s’intéresse à leur vie. Et que d’heures passées à visiter les familles avec ses consœurs!
De retour à Beauport, elle continue son apostolat dans la communauté et donne des entretiens au comité responsable de la Fraternité eucharistique. Dans son ardeur, elle copie des extraits de conférences de mère Julienne, fait des liens avec tel autre extrait, et tel autre… Elle réunit ses découvertes par thèmes, dans des cahiers, et les donne aux sœurs ou aux membres de sa famille. En témoignent ses neveux et nièces, le 2 février 2014, à l’occasion de son 60e anniversaire de profession : « Vous avez toujours été pour nous une inspiration pour la prière et l’adoration, vous nous avez même amenés par l’exemple et les écrits de mère Julienne à prier quotidiennement le Cœur Eucharistique. Merci ma tante. »
Le 10 septembre 2014, ce n’est pas sans déchirement qu’elle quitte notre cher Cénacle pour l’Infirmerie intercommunautaire des Augustines de la Miséricorde de Jésus. Là, elle continue sa vie de prière et d’adoration, et poursuit sa mission : elle écoute, encourage, console les personnes qui se confient è elle; elle parle du Cœur Eucharistique avec feu. Elle s’occupe encore à transcrire les conférences de mère Julienne, jusqu’à ce que ses mains se refusent à écrire et que sa vue diminue.
Le dimanche 7 novembre dernier, elle nous dit qu’elle allait mourir et demande que notre infirmière et la responsable de la liturgie la visitent. Le lendemain midi, une légère paralysie du côté gauche l’empêche de se mouvoir comme d’habitude; elle demeure très consciente jusqu’au mardi soir. Mercredi midi le 10 novembre, elle nous quitte pour la maison du Père.
Nous remercions chaleureusement les Augustines et le personnel soignant pour tous les bons soins et délicatesses qu’elles lui ont prodigués, y compris des crevettes et du homard, à certains jours de fête!
Chère sœur Lucienne, ce refrain de ton enfance que tu as chanté une dernière fois à ton 105e anniversaire, nous le faisons nôtre : « Donne-nous Marie, un ardent amour pour l’Eucharistie, pain de chaque jour ».
Sœur Julienne Turmel, o.p.