À l’occasion du départ d’un être aimé, nous aimons nous rappeler ce qu’a été cette personne pour nous et pour le monde. Quelle a été la vie de cette femme? de cette sœur? de cette infirmière, de cette amie? Lors des funérailles, le mercredi 11 novembre, s. Julienne Turmel a adressé un hommage à sœur Claudette. Voici un bref survol de sa vie, qui illustre ce don unique qu’elle a été pour le monde, pour l’Église, et pour sa communauté.
Chers amis qui êtes ici présents ou qui nous écoutez par la webdiffusion, en particulier les membres de la famille de notre sœur Claudette, voici un bref résumé de la vie de notre chère sœur.
Quelles sont les principales caractéristiques de cette vie si bien remplie, tant dans notre communauté qu’au travail comme professionnelle? J’en mentionne trois :
La maladie et l’offrande de ses souffrances, en particulier pour les pécheurs;
Le professionnalisme dans le soin des malades, et le souci de se perfectionner constamment;
La ferme détermination d’aller jusqu’au bout, supportant tout, jusqu’au bout, pour la vie.
Jetons d’abord un regard sur son enfance. Née à Price, elle était la 2e d’une famille de 3 filles. Toute jeune, elle a connu les épreuves causées par la santé très délicate de sa mère; et dès l’âge de cinq ou six ans, ayant entrevu pour la première fois une religieuse infirmière et missionnaire, elle dit à sa mère qu’elle ferait une religieuse infirmière. Elle se mit donc à l’œuvre sans tarder : son unique poupée de chiffon est devenue la malade qu’elle faisait prier, à qui elle imposait des chirurgies sérieuses et appliquait ensuite des pansements avec grand soin.
Pensionnaire dès l’âge de 7 et 8 ans, elle s’est sentie attirée à la messe sur semaine et à l’adoration le dimanche, attrait qu’elle a conservé lorsqu’elle fut de retour à la maison. Sans que Claudette le sache, le Seigneur la préparait à la vie dominicaine missionnaire adoratrice.
Mais à l’adolescence et au début de l’âge adulte, tout lui souriait, autant les études que la vie sociale… que de paires de souliers usés sur la piste de danse! Elle en a oublié la vie religieuse jusqu’à l’âge de 17 ans, où cette pensée est réapparue dans son esprit, ainsi que la profession d’infirmière. Elle choisit donc d’aller faire son cours d’infirmière-auxiliaire à Matane et elle se retrouva chez les Dominicaines de l’Enfant-Jésus. Saint Dominique l’attendait là! Elle appréciait aussi la possibilité de participer à la messe sur semaine.
En février 1963, elle a accompagné sœur Yvette Dallaire, o.p., pour venir en notre Cénacle, afin de participer à une célébration de prise d’habit et de profession. Là, elle rencontra mère Julienne et décida de faire ses démarches. Au mois d’aout de la même année, âgée de 20 ans, elle entrait en communauté chez nous comme postulante. Elle écrira plus tard : mon rêve était réalisé, mais le chemin que je devais parcourir par la suite fut très tortueux. En effet, dès le début de son noviciat, elle fut obligée d’être hospitalisée plusieurs mois, atteinte de tuberculose aux deux poumons. De retour au Cénacle, une année de cure l’attendait.
Après deux séjours dans nos missions d’Alberta et d’Haïti, au cours desquels elle vécut des incidents au niveau de sa santé, sœur Claudette prit un temps de réflexion : devait-elle s’engager pour la vie? Mais l’appel du Seigneur triompha, et elle fit profession perpétuelle le 31 aout 1974. Mère Julienne, pressentant une vocation spéciale d’infirmière chez sœur Claudette, l’encouragea à poursuivre ses études en soins infirmiers et en gérontologie, afin d’acquérir plus de compétences.
Sœur Claudette a exercé sa profession d’infirmière d’abord à l’Hôpital Général, en 1988, ensuite chez les Sœurs de la Charité de Québec pendant 18 ans, dont les 8 dernières années comme coordonnatrice du service des soins. À la mi-décembre 2007, elle prit sa retraite. Nous avons reçu plusieurs témoignages à son sujet, tels que : elle a été cette femme vraie, présente, et qui ne craint pas de donner de son temps et de sa personne; elle a stimulé la qualité des services de la part du personnel des soins; tout au long de sa carrière, elle fut un signe de la vérité de l’amour qui va jusqu’au bout.
Pendant sa retraite, i.e. à partir de 2008, elle mit au service de notre communauté ses talents et son savoir-faire. En 2009, elle fut élue assistante générale, mandat qu’elle accomplit jusqu’à la fin, en 2015. Mais… nouvelle épreuve : en 2010, elle subit une intervention chirurgicale pour un cancer, suivie de traitements de chimiothérapie pendant 10 ans, jusqu’à son décès. Et elle ne se faisait pas servir, mais cherchait à se rendre utile.
Le 3 novembre au matin, elle fit un infarctus avec complications pulmonaires et fut hospitalisée à l’Hôtel-Dieu de Québec. Le surlendemain 5 novembre, vers 17 heures, elle est partie vers la Maison du Père.
Comme vous pouvez le constater, la vie de notre sœur Claudette fut un continuel combat. Comme elle a lutté pour vaincre la maladie! Mais jusqu’à la fin, elle fit preuve d’une force intérieure dépassant l’ordinaire, force inspirée par Jésus en croix. Maintenant, puisse-t-elle reposer dans sa lumière de Ressuscité.
Sœur Julienne Turmel, o.p., Prieure générale
11 novembre 2020